Les ducs de Lesdiguières

La dynastie des ducs de Lesdiguières, fondée par le connétable François de Bonne à la fin du XVIe siècle, a marqué l'histoire du Dauphiné durant tout le XVIIe siècle. Cette famille de lieutenants généraux pour le roi et de gouverneurs, son influence et ses œuvres, ont été mises à l'honneur en 2017 dans le cadre d'une « Année Lesdiguières », née de la volonté commune de plusieurs services du Département de l'Isère et de l'Université Grenoble-Alpes d'offrir à un large public, sous les formes les plus variées, la possibilité de (re)découvrir cet héritage. Les Archives départementales de l'Isère ont contribué à cette opération par la valorisation de documents conservés dans leurs fonds.

Ressources des Archives pour l'histoire des Lesdiguières

Il n'existe pas de « fonds Lesdiguières » aux Archives départementales de l'Isère. La masse des fonds d'archives publiques antérieurs à la Révolution (séries A à H) reste à dépouiller systématiquement en fonction des thèmes de recherche, sans qu'un véritable état des sources - entreprise trop ambitieuse au regard des tâches et missions actuelles des Archives départementales - puisse être proposé.

Une première orientation est toutefois procurée par les ressources suivantes :

1590 : Grenoble se rend à Lesdiguières

François de Bonne (1543-1626), seigneur de Lesdiguières, n'aurait sans doute pas émergé de la petite noblesse du Champsaur à laquelle il appartenait sans le contexte des guerres de Religion (1562-1598). Commandant général des protestants dauphinois depuis 1577, nommé en 1579 lieutenant général sous l'autorité du roi de Navarre en Dauphiné, il devient de fait, à l'avènement au trône d'Henri de Navarre (1589), le défenseur des intérêts de la couronne dans la province. L'une de ses premières tâches est de rappeler Grenoble - qui vient d'adhérer à la Ligue - à l'obéissance qu'elle doit au souverain légitime. Lesdiguières se rend maître du quartier Saint-Laurent dans la nuit du 24 au 25 novembre 1590. Jusqu'à la mi-décembre, la rive gauche, assiégée, résiste. Les négociations aboutissent le 22 décembre 1590 à des« articles accordés et convenus sur le faict de la reduction de la ville ». C'est ce texte marqué par la recherche de l'équilibre et du compromis que nous vous proposons pour ce premier rendez-vous.

Arch. dép. Isère, cote 11 J 19

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1613 : clôture du compte des dépenses de construction du pont de Claix

Ayant pour certains auteurs rejoint, en raison de son arche monumentale enjambant le cours du Drac, la liste des « merveilles du Dauphiné », le pont de Claix, toujours debout, demeure l'un des symboles des vastes travaux d'aménagement du territoire favorisés dans la province par François de Bonne (1543-1626), seigneur de Lesdiguières, une fois la paix civile rétablie par la mise en œuvre des dispositions de l'Édit de Nantes (1598). La construction de cet ouvrage, décidée en 1607, achevée en 1613, nous est en particulier connue par un mémoire in-folio de 48 feuillets conservé dans le fonds d'archives de la Chambre des comptes de Dauphiné. Nous vous en proposons ce mois-ci un large extrait inédit, sans doute le mieux à même d'évoquer concrètement ce chantier exceptionnel : le compte des dépenses afférentes clos le 14 août 1613.

Arch. dép. Isère, cote B 3397

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1616 : arrêt de vérification des lettres de légitimation de Françoise et Catherine de Bonne

Impossible, 400 ans après, de ne pas évoquer en archives les secondes noces de François de Bonne, seigneur de Lesdiguières, avec Marie Vignon, le 16 juillet 1617. Toutefois l'acte de ce mariage, scellé en toute intimité, au château du Touvet, avec la bénédiction secrète de l'archevêque d'Embrun, est introuvable dans les fonds isérois. Nous vous proposons à défaut un acte antérieur : l'arrêt de vérification par le Parlement de Grenoble, le 6 février 1616, des lettres de légitimation de Françoise (née en 1604) et Catherine (née en 1606) de Bonne, les deux filles adultérines de François de Bonne et Marie Vignon, obtenues en novembre 1615. Arrêt de vérification ? Mais pas seulement... affichez bien le dossier complet (fichier pdf) pour en savoir plus !

Arch. dép. Isère, cote B 2264

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1624 : lettre de Charles de Créqui à Maximilien de Béthune, duc de Sully

Achetée par les Archives départementales de l'Isère en 1980, une lettre isolée de Charles de Créqui à Maximilien de Béthune, duc de Sully, permet, en progressant dans le siècle des Lesdiguières, d'évoquer ce mois-ci le second duc, qui releva le titre en 1626 à la mort du connétable. Charles de Créqui (1575-1638) est le gendre de François de Bonne de Lesdiguières (1543-1626) depuis son mariage en 1595 avec sa fille légitime Madeleine de Bonne (1576-1620) - mais aussi par ses secondes noces, en 1623, avec Françoise de Bonne (1604- ?), l'une des deux filles légitimées de François de Bonne et Marie Vignon. Lieutenant général pour le roi en Dauphiné depuis 1610, il est en 1624 maréchal de France, soit l'un des plus importants chefs de l'armée royale. Outre ses liens avec le duc de Sully et sa proximité avec le roi, c'est ce rôle essentiellement militaire qu'éclaire brièvement cette missive.

Arch. dép. Isère, cote 1 J 1396

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1677 : description du service funèbre pour François de Bonne de Créqui

Fils de Charles de Créqui (1575-1638) et de Madeleine de Bonne (1576-1620), et par cette dernière petit-fils de François de Bonne de Lesdiguières (1543-1626), François de Bonne de Créqui de Lesdiguières (1596-1677), troisième duc du nom, aura pendant près de quarante ans été à la tête du Dauphiné, en qualité de lieutenant général (1638) puis de gouverneur de la province (1642). Les honneurs qui lui sont rendus à sa mort marquent ce rang et témoignent, autant que faire se peut, de l'image que pouvaient se faire de lui ses contemporains. Oraison funèbre, conservée par l'imprimerie, et description du cérémonial, consignée pour mémoire dans un registre du chapitre cathédral, nous donnent accès au décor, aux gestes et aux paroles de ce 21 janvier 1677...

Arch. dép. Isère, cote 5 G 56

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1614 : écrou du colonel Allard / 1650 : dans la chambre du peintre Benoît Violand / 1652 : à la recherche de faisans pour le parc de Vizille

Des présentations plus succinctes, mais un choix varié de documents : pour ce sixième et dernier rendez-vous, trois textes moins austères ont finalement été préférés au devis, prix-fait et procès-verbal de remise de travaux au château de La Mure, propriété des Créqui-Lesdiguières, en 1700 (Arch. dép. Isère, cote 11 J 23) initialement retenu. Tout en documentant un aspect du siècle des Lesdiguières, chacun plaide, à sa manière, pour la recherche aux Archives.

  • La série des registres d'écrou de la prison royale de Grenoble - corpus méconnu récemment coté, pour ainsi dire une source neuve -, a été sollicitée pour avérer un épisode fameux de la légende noire de François de Bonne de Lesdiguières, la brève incarcération du colonel Allard, assassin supposé d'Ennemond Matel, premier époux de Marie Vignon, en 1614. Recherche concluante, ancrant cet épisode dans la réalité.
  • La mention de «tableaux représentant Mme la connétable, M. de Créqui, M. de Lesdiguières» dans un inventaire de biens publié en 1887 par Edmond Maignien a attiré l'attention sur un acte facilement retrouvé dans le minutier des notaires isérois. Sa consultation a pourtant réservé quelques surprises: le texte publié par Maignien souffre d'erreurs, d'omissions tacites, et même d'«inventions» résultant d'erreurs de lecture. Exemple s'il en est que nulle autorité ne dispense jamais de revenir aux sources originales.
  • Imaginer le circuit des ordres des Grands, chercher chez les destinataires de leurs lettres les traces de leurs discours, désirs, projets: à l'échelle de la faisanderie du parc de Vizille, c'est bien ce qu'invite à faire la très modeste correspondance adressée aux consuls d'Auris et La Garde par le châtelain du mandement d'Oisans en 1652.

5 août 1614 : écrou du colonel Allard - Arch. dép. Isère, cote 2 B 9016
30 juin 1650 : dans la chambre du peintre Benoît Violand - Arch. dép. Isère, cote 3 E 1094/5
mai 1652 : À la recherche en Oisans de faisans pour le parc de Vizille - Arch. dép. Isère, cotes 4 E 24/S 21 et 4 E 28/S 8

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